Samedi 2 novembre : FFCP 2019 Jour 4
Aujourd’hui, c’est avec Swings Kids que ma quatrième journée commence. Malgré l’appréhension du côté comédie musicale, ce film est une véritable claque. Sur fond historique de Guerre de Corée, il livre le quotidien méconnu des prisonniers politiques et insère la danse de façon assez subtile pour que ça ne tranche pas avec l’intrigue tout en en faisant un élément majeur. La performance de Do Kyung Soo est bluffante, tout comme celle de Park Hye Soo. À la sortie, entre les larmes, les mouchoirs et les sourires, tous les spectateurs sont unanimes : il faut voir Swing Kids.
J’enchaîne ainsi avec MAL.MO.E : THE SECRET MISSION, un film sur l’histoire du premier dictionnaire coréen. Ne vous laissez pas berner par ce synopsis simpliste, MAL.MO.E : THE SECRET MISSION est un beau film qui se concentre sur les lueurs d’espoir dans les années sombres de l’occupation japonaise. Sans étourdir le spectateur de références historiques, il déroule son intrigue tranquillement, se permettant de nombreuses plaisanteries et quelques drames. De retour dehors, le constat est sans appel : c’est sans doute le jour de plus grande affluence pour le festival.
Les files d’attentes, déjà conséquentes pour la séance précédente, s’étalent sur tout le trottoir. Tandis que certains vont découvrir The Divine Fury, je pénètre dans la salle 2 pour Our Body. Premier film de la réalisatrice, il comporte quelques longueurs futiles mais reste très intéressant et questionne beaucoup sur le rapport des femmes à leur corps. La présence de Han Ka Ram, réalisatrice de Our Body, permet de comprendre certains éléments : ce film est son projet de fin d’études dans une école de cinéma.
Tout au long de son élaboration, elle a donc reçu des critiques et avis de ses professeurs, qu’elle a dû prendre en compte. Elle raconte notamment qu’elle désirait donner une tournure beaucoup plus comique au film, mais que cette approche n’a pas été encouragée par les professeurs. Elle a donc livré cette version plus sombre et inquiétante où il y a plus de questions que de réponses. C’est également parce que c’est un projet de fin d’études qu’elle a tout fait toute seule : à savoir le scénario, la réalisation et le montage. Elle n’a également pas eu de difficulté à trouver des acteurs, car la renommée de l’école favorise leur adhésion au projet.
C’est l’occasion d’apprendre que malgré la portée critique de la société coréenne qui lui ait prêté, ce n’était pas le but premier du film lorsque que Han Ka Ram l’a pensé. Elle s’est simplement inspirée de sa vie, de ses expériences et de ses émotions. Étant une femme, il était donc naturel pour elle que les personnages principaux soient des femmes. La course à pieds est également un élément qui est naturellement venu car, comme l’héroïne, Han Ka Ram la pratiquait beaucoup lors de ses études et sa période de chômage. De plus, c’est un sport simple, qui nécessite peu de moyens et qui offre des mises en scènes variées et inspirantes. Cette intervention sensibilise le public au fait que les femmes soient trop souvent cantonnées au cinéma indépendant, et qu’il faut que cela change.
Pour finir, lorsqu’une spectatrice l’interroge sur ses projets d’avenir, Han Ka Ram dira en riant que Our Body est né lorsqu’elle faisait assidûment de la course à pieds, et que maintenant qu’elle apprend la natation, elle réalisera peut-être un film sur la natation.