Du 26 octobre au 2 novembre 2021 a eu lieu la 16e édition du Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) au Publicis Cinémas. Nous allons donc revenir ici sur cette chouette semaine et les films auxquels j’ai pu assister.
- Introduction : déroulement du FFCP 2021
- Jour 1 – Mardi 26 octobre : cérémonie d’ouverture
- Jour 2 – Mercredi 27 octobre
- Jour 3 – Jeudi 28 octobre
- Jour 4 – Vendredi 29 octobre
- Jour 5 – Samedi 30 octobre
- Jour 6 – Dimanche 31 octobre
- Jour 7 – Lundi 1er novembre
- Jour 8 – Mardi 2 novembre : cérémonie de fermeture
- Le mot de la fin
Introduction : déroulement du FFCP 2021
Avant de vous présenter ces films, je tiens à vous raconter ce que c’est que de se rendre au FFCP. Se rendre au Festival du Film Coréen à Paris pendant une semaine, c’était un peu comme prendre des vacances. C’est faire une activité qui nous plaît (ici regarder des films coréens), mais en plus de cela, dans une ambiance chaleureuse. Eh oui chers Owlers, lorsque l’on va au FFCP, ce n’est pas seulement se rendre au cinéma, regarder un film et repartir. Non, non. Tout d’abord, on est accueilli par d’adorables bénévoles qui s’occupent très bien de nous, qui sont courtois et souriants. Ensuite, lorsque l’on se dirige vers la salle, selon la catégorie du film (s’il fait partie des sections qui sont récompensées par un prix à la fin du festival), on nous donne des petits papiers afin d’attribuer une note à la projection après l’avoir vue.
Il est également possible que l’on reçoive d’autres petits papiers, avec un numéro, si l’on tombe sur une séance où a lieu une tombola. Elles avaient lieu chaque jour (voire plusieurs fois par jour) et permettaient de remporter des petits cadeaux. Si ça, ce n’est pas trop sympa ? Enfin, avant chaque séance, les organisateurs du FFCP montaient sur scène pour nous présenter rapidement le parcours du réalisateur et nous expliquer, sans trop en dire, de quoi allait traiter le film. Et ça, c’était franchement appréciable. Je n’ai pas pu y assister, mais le FFCP a également joué le jeu d’Halloween avec déguisements et compagnie, comme vous pouvez le voir ci-dessous.
Papiers de vote Soirée d’Halloween Papiers de tombola Cadeaux de tombola Déguisement pour la soirée d’Halloween Cadeaux de tombola
Ainsi, aller au FFCP, ce n’est pas seulement se rendre passivement au cinéma, mais c’est vivre de l’interaction, qu’elle soit directe ou non (gagner à la tombola et donc aller chercher son cadeau sur scène ou voter pour le film que l’on a vu depuis son siège après la projection). N’ayez donc pas peur de vous y rendre l’an prochain, même si vous n’avez personne pour vous accompagner, vous passerez tout de même un bon moment !
NB : malheureusement, à cause de la crise sanitaire, il n’y a pas pu y avoir d’invités cette année. Cependant, plusieurs réalisateurs se sont adressés aux téléspectateurs du FFCP à travers des messages vidéos diffusés avant leur film.
Jour 1 – Mardi 26 octobre : cérémonie d’ouverture
Seulement trois mois après la deuxième partie de la 15e édition (divisée en deux à cause de la crise sanitaire), les organisateurs se retrouvent pour cette nouvelle édition, ce qui n’a pas dû être de tout repos pour eux.
Après un petit discours d’introduction et de remerciements pour toutes les personnes qui permettent au festival de vivre, le président est monté sur scène et a déclaré la 16e édition du Festival du Film Coréen à Paris ouverte.
Escape from Mogadishu (모가디슈)
C’est donc Escape from Mogadishu qui a ouvert cette semaine filmique. C’est un film de Ryoo Seung Wan (Veteran, Battleship Island…) qui raconte l’histoire, basée sur des faits réels, de diplomates nord et sud-coréens qui vont devoir s’entraider afin de fuir la guerre civile qui s’est déclenchée en Somalie dans les années 1990.
Escape from Mogadishu est un très bon film d’action, où on ne s’ennuie pas. Il est ponctué de pointes d’humour qui sont très appréciées. Pas de gros suspens cependant, on se doute à peu près à chaque fois de ce qu’il va se passer, mais c’est un film qui se regarde vraiment très bien. Et cela était à n’en pas douter, le FFCP l’ayant présenté comme « le plus gros succès de l’année 2021 au box-office coréen », et pour cause, il a permis de comptabiliser 3,1 millions d’entrées. Selon l’agence de presse Yonhap, le film est d’ailleurs sélectionné pour représenter la Corée du Sud aux Oscars en 2022. On en entendra donc parler l’année prochaine.
Sources : FFCP | Yonhap News
Jour 2 – Mercredi 27 octobre
Our Midnight (아워 미드나잇) – Section paysage
Ce drame de Lim Jung Eun est le film que j’ai le moins apprécié de tout le festival. Je l’ai malheureusement trouvé ennuyant et l’effet noir et blanc n’a pas aidé, bien qu’il donne une certaine tonalité mélancolique au film qui peut être très appréciée par d’autres.
On y suit deux personnages qui discutent de leur ressenti de la vie et de leurs soucis. C’est un film très posé, les personnages marchent lentement, les caméras ne bougent pas énormément et l’ambiance en noir et blanc ajoute une touche en plus à tout cela. Les plans sont très beaux, et il y a un jeu d’ombres intéressant, la plupart des scènes ayant été tournées de nuit. Je trouve cependant que le film est long si on n’arrive pas à rentrer dedans et à s’identifier aux personnages. Je n’ai d’ailleurs pas non plus été spécialement touchée par le jeu des acteurs.
Il faut savoir que ce n’est pas mon type de film de prédilection : je ne suis en effet pas très sensible à ce genre de films basés uniquement sur la poétique qui, comme je l’ai mentionné plus haut, ont tendance à m’ennuyer. Mais je m’attendais à autre chose, avec cette promesse de déambulation dans les rues de Séoul, quelque chose de plus poignant, avec des musiques qui nous transportent. Mais cela n’a pas été le cas.
Je vous laisse ci-dessous un petit trailer en coréen. Malheureusement, je n’ai rien pu trouver en anglais.
Young Adults Matters (어른들은 몰라요) – Section paysage
Ce drame est la seconde réalisation de Lee Hwan, qui reste dans le même genre un peu trash que son précédent film Park Hwa Young.
Young Adult Matters est un beau film qui nous perd dans les méandres de la déchéance humaine et adolescente. Il met en avant la place de l’avortement en Corée du Sud avec un très beau jeu de l’actrice Lee Yoo Mi. On suit donc la vie d’une jeune fille qui souhaite avorter et qui va, pour cela, devoir trouver de l’argent. Tout au long du film, on ne sait pas comment elle va finir et ce qu’il va se passer exactement, des revirements de situation inattendus ayant lieu. Un aspect touchant est le fait que la protagoniste, malgré sa vie difficile, soit toujours en train de sourire et de rigoler ; bien que l’on comprenne que ce ne sont que des rires de façade. Ce paradoxe est cependant très bien interprété par Lee Yoo Mi.
Le film est très coloré malgré la noirceur de la trame, ce qui permet donc de contrebalancer en quelque sorte avec l’ambiance lourde du thème. Il y a de très bonnes musiques avec des grosses basses qui donnent également du rythme et de la tonalité au film.
C’est un scénario très intéressant et poignant mais à ne pas regarder si l’on est sensible, car il est ponctué de violences physiques et morales.
Jour 3 – Jeudi 28 octobre
A Leave (휴가) – Section paysage
A Leave, premier long-métrage de la réalisatrice Lee Ran Hee, est un des films que j’ai préféré dans la section paysage, bien qu’il puisse encore manquer d’ancrage pour faire adhérer tout le monde. Il m’a touché par son authenticité et son thème social peu abordé. Il conte en effet l’histoire d’un père de famille absent car il milite dans la rue depuis cinq ans avec certains de ses collègues pour protester contre leur licenciement. Malgré un procès perdu, il continue d’affronter le froid pour faire entendre sa voix. Seulement, il est temps pour lui de prendre un congé de 10 jours dans cette grève et il va alors rentrer auprès de ses filles, qui lui reprochent évidemment son absence. On se rend alors compte que c’est un père dévoué à sa famille et aux personnes autour de lui ; mais c’est également un individu doté de convictions qui a décidé de se battre contre l’injustice.
Ce personnage du père est très touchant et on ne voudrait lui souhaiter que le meilleur. On se sent désolé pour ses filles et en même temps, on ne peut pas lui en vouloir de lutter pour ses droits. A Leave met ainsi en avant, de façon assez simple, les conséquences que peut subir une personne qui décide de se battre contre l’injustice du travail en Corée du Sud.
Sinkhole (싱크홀) – Section événements
Sinkhole, réalisé par Kim Ji Hoon, est le film catastrophe par excellence, mais il est agrémenté de pointes d’humour et de dérision.
Après des années de travail et d’économies, Park Dong Won vient enfin d’acquérir un appartement où il emménage avec sa femme et son fils. Mais le bâtiment semble avoir quelques traces de dysfonctionnement… Après leur soirée de crémaillère en présence d’amis et collègues ainsi que d’un voisin rencontré récemment, leur vie va soudainement basculer à l’apparition d’une doline engloutissant l’immeuble…
Les effets spéciaux sont peut-être à revoir, notamment lors de l’effondrement du sol créant la doline. Toutefois, le film revêt tous les codes du genre catastrophique. Certaines scènes sont cependant parfois exagérées, mais amenées dans un style qui semble tout à fait assumé et c’est ce qui le rend très drôle, au-delà même des dialogues entre les personnages. Avec Lee Kwang Soo au casting, on ne pouvait que s’attendre à ces moments de rire, mais on découvre également Cha Seung Won dans un rôle différent de ce qu’il a pu nous présenter, notamment pour ceux qui ont pu le voir dans Man on High Heel.
Je le recommande vivement pour passer un bon moment sans prise de tête.
Jour 4 – Vendredi 29 octobre
The Medium (랑종) – Avant-première
Ce film d’horreur thaïlandais réalisé par Banjong Pisanthanakun a été produit par un Coréen, Na Hong Ja (The Chaser, The Murderer, The Stangers), ce qui explique sa présence au FFCP.
Tourné sous forme de faux documentaire, il permet de suivre la vie quotidienne de Nim, une chamane qui abrite en elle une déesse et qui pratique toutes sortes de rituels pour aider ceux qui en ont besoin. Mais un mal guette sa famille. Sa nièce, Mink, est possédée et Nim va alors faire en sorte de faire fuir cette entité…
Les paysages sont vraiment beaux, ils permettent de rendre le film à la fois très esthétique mais également inquiétant. L’intrigue est bien ficelée et l’ambiance du film devenait de plus en plus alarmante. Le déroulement de l’intrigue se fait vraiment crescendo de façon à inquiéter et transcender le spectateur. Certains pourront peut-être trouver que c’est un peu trop lent mais je ne me suis personnellement pas du tout ennuyée. On appréciera également cette immersion au sein des croyances thaïlandaises.
Un bon film d’horreur à ne pas regarder pour les peureux.
Jour 5 – Samedi 30 octobre
A Distant Place (정말 먼 곳) – Section paysage
A Distant Place est un très beau drame réalisé par Park Kun Young qui met en avant l’homosexualité. C’est un film très poétique avec encore une fois de beaux plans et de superbes paysages montagneux. Le réalisateur nous immisce dans les tourments d’une famille qui, d’une vie calme et paisible, se retrouve confrontée à la dure réalité de la discrimination et de l’incompréhension. Plusieurs éléments déclencheurs viennent ponctuer cette vie familiale et remettre en cause la place des personnages.
Je suis vraiment ravie d’avoir pu découvrir ce film que j’ai beaucoup apprécié et qui a d’ailleurs remporté le prix du public du FFCP.
Midnight (미드나이트) – Avant-première
Midnight est un thriller qui rassemble tous les codes du genre, mais avec un élément en plus qui ajoute de l’intérêt au film. Dans cette production, nous sommes amenés à suivre une traque très intéressante entre un tueur en série et sa victime, qui est ici sourde et muette. En plus de mettre en avant le thème du handicap, le réalisateur nous plonge pleinement dedans en nous permettant de nous mettre dans la peau de la protagoniste. En effet, certains moments du film sont dépourvus de sons, comme si nous étions nous-mêmes coupés de notre ouïe et qu’il ne nous restait que la vue. Le handicap est ainsi central dans Midnight et le réalisateur met bien en avant l’indifférence et le rejet des gens face à ce qu’ils ne connaissent et ne comprennent pas.
Le film est très bien tourné et l’on appréciera le jeu de lumière présent. C’est un excellent premier long-métrage pour Kwon Oh Seung.
[↓ Il est tout à fait normal qu’il n’y ait pas de son au début de la bande-annonce.]
Jour 6 – Dimanche 31 octobre
Je n’ai malheureusement pas pu assister à cette journée.
Jour 7 – Lundi 1er novembre
Hostage: Missing Celebrity (인질) – Section événements
Dans ce thriller réalisé par Pil Kam Sung, l’acteur Hwang Jung Min joue son propre rôle. Comme le nom du film l’indique, l’histoire se base sur l’enlèvement du célèbre acteur. Comment va-t-il pouvoir mettre à profit ses talents pour tenter de se libérer ? Il ne dispose que de 24 h, temps imposé par ses kidnappeurs pour la rançon. On va donc suivre ses péripéties ainsi que celles de cette bande de criminels.
C’est un film qui se regarde bien mais il ne m’a pas non plus transporté. Les acteurs jouent bien et on y retrouve d’ailleurs quelques graines montantes comme Lee Yoo Mi (Squid Game) ou Ryoo Kyeo Soo (Itaewon Class). C’est le genre de film qui se regarde très bien un samedi soir lorsqu’on a envie d’un film d’action.
Voice of Silence (소리도 없이) – Section paysage
Dans ce film réalisé par Hong Eui Jeon, on suit le travail de deux hommes embauchés pour nettoyer des scènes de crime et faire disparaître les corps. L’un d’eux (joué par Yoo Ah In) est muet. Un jour, on leur confie la tâche de s’occuper d’une enfant enlevée dont le père, pourtant riche, ne paie pas la rançon. Leur vie va alors prendre un nouveau tournant.
Ce film m’a laissée perplexe. Au vu des images très colorées et de la tenue assez risible des deux malfrats que j’avais pu voir, je me suis attendue – à tort – à un film comique pour contrecarrer le thème lourd de l’enlèvement d’un enfant, mais ce n’est absolument pas le cas. L’ambiance n’est pas spécialement lourde bien que tragique, puisque le handicap du protagoniste adoucit son personnage ainsi que la trame, mais ce n’est pas non plus un film léger. Au vu du déroulement du scénario, la fin est plutôt inattendue, bien que logique, ce qui a rajouté de l’incertitude à mon ressenti. J’avoue ne pas trop savoir quoi en penser donc. Je reste sur ma faim mais le film reste intéressant et je ne me suis pas spécialement ennuyée.
Jour 8 – Mardi 2 novembre : cérémonie de fermeture
Après une semaine de festival, c’est le huitième jour qui en sonne la fin, trop rapidement malheureusement. On se fait facilement à ce rendez-vous chaque jour sur les Champs-Élysées.
The Book of Fish (자산어보)
Ce film historique réalisé par Lee Joon Ik (Le Roi et le Clown) conte l’histoire de deux hommes et d’un échange de connaissances au moyen d’un livre. L’un est un érudit qui est envoyé en exil sur une île à cause de sa foi catholique ; l’autre est un jeune homme passionné par la pêche et le monde marin, en quête perpétuelle de savoir. Seulement, en tant que roturier, il est difficile pour lui d’étudier, et les gens qui l’entourent lui font bien comprendre que cela ne sert à rien puisque qu’il ne pourra jamais passer les examens (lire cet article sur les classes sociales durant la dynastie Joseon pour plus de détails).
Pourtant, c’est ce qu’il désire et essaie donc d’apprendre lui-même à travers des livres. On va alors assister à un échange de connaissances entre ces deux hommes : le savoir de la pêche contre les enseignements confucéens. Nous allons ainsi pouvoir être témoins de la relation qui se crée entre eux, le jeune homme étant pourtant assez réfractaire au vieillard qui a commis un péché.
Le film se regarde très bien, même s’il ne m’a pas autant emballé que je l’aurais pensé (peut-être encore à cause de cette présentation en noir et blanc avec laquelle j’ai du mal. J’aime la couleur). Je suis de toute façon toujours très intéressée par les films historiques, qui permettent de comprendre ou découvrir des pans de l’histoire. Ici, nous avons un aperçu des classes sociales et des croyances de Joseon. La relation qui se crée entre les deux hommes est touchante et l’on se laisse facilement bercer par leurs échanges. Les personnages secondaires sont également très appréciables, comme notamment Madame Gageo, interprétée par Lee Jung Eun qui a toujours ce genre de rôle très chaleureux et comique. C’est donc un film que je recommande tout de même de voir, mais plutôt dans une ambiance chill.
Les prix du FFCP 2021
Durant la cérémonie de clôture, ont été annoncés les différents prix du festival :
- Prix du public (long-métrage, section paysage) : A Distant Place de Park Kun Young
- Prix des enfants : Piropiro de Baek Miyoung
- Prix des étudiants : Anchor de Kim Chae Jung
- Prix Keystone du meilleur scénario : Sweet Ass de Kwon Young Jae
- Prix Kia du meilleur film d’animation : Misery Loves compagny de Lee Sasha
- Prix Flyasiana du meilleur film : Blue City Seoul de Jeong Seong Jun
Le mot de la fin
Je tiens à remercier toute l’équipe du FFCP ainsi que le Publicis Cinémas pour cette 16e édition très réussie.
Pour ceux et celles qui souhaiteraient continuer à avoir un rendez-vous régulier avec les films coréens, sachez que le Publicis Cinémas en projettera très prochainement, un par mois le dimanche dans le cadre du festival « Dimanches en Corée ».
Sources : FFCP | Yonhap News
Sources images : FFCP (Jean LIM), dont l’image de Une | K.Owls