Passé un peu sous les radars lors des sorties du mois de septembre, Mental Coach Jegal aborde les sujets avenant à la santé mentale dans le monde du sport et, plus particulièrement, chez les athlètes de haut niveau. K.OWLS vous en avait parlé peu avant sa sortie, mais que vaut vraiment ce drama ? Réponse dans cette critique !
Avant d’aller plus loin, il est important de vous avertir lecteurs : si rien n’est expliqué dans les détails dans cette critique, la série traite cependant de sujets lourds comme le suicide, la dépression ou les agressions sexuelles. Le visionnage du drama est à votre discrétion.
Mental Coach Jegal : à vos marques !
Informations
- Titre original : 멘탈코치 제갈길
- Titre anglais : Mental Coach Jegal
- Genres : tranche de vie, sports, humain
- Pays : Corée du Sud
- Réalisation : Son Jeong Hyeon
- Scénario : Kim Ban Di
- Diffusion : 12 septembre 2022 au 1er novembre 2022
- Épisodes : 16 épisodes
- Durée des épisodes : 60 minutes
- Chaîne : tvN
- Plateforme : Viki
Synopsis
Ancien taekwondoïste au sein de l’équipe nationale coréenne, Jegal Gil a été banni de toute compétition par la fédération coréenne alors qu’il dénonçait l’injustice dont il avait été victime. Très affecté mentalement par cet évènement, il remonte doucement la pente avant de devenir lui-même coach mental spécialisé dans le sport.
C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Cha Ga Eul, une patineuse de vitesse qui se trouve être la sœur de son meilleur ami. Championne du monde à 17 ans, elle a ensuite connu une série de mauvais résultats et cela fait maintenant de nombreuses années qu’elle ne parvient plus à se qualifier pour les compétitions internationales et ainsi faire partie de l’élite : l’équipe nationale de patinage de vitesse.
Sur la route de Ga Eul, se dressent de nombreux obstacles, qu’il s’agisse de son entourage, de ses coéquipières, d’officiels au centre d’entraînement olympique ou encore de son propre refus d’accepter de l’aide.
Distribution de Mental Coach Jegal
Dans le rôle-titre de Jegal Gil vous pouvez retrouver l’acteur Jung Woo (A Model Family). Devenu coach mental après sa carrière avortée de sportif, il ne supporte pas les injustices et souhaite redresser tous les torts de la société dont sont victimes ses clients. Pas complètement guéri d’une enfance difficile et du préjudice subi lors de sa carrière, ses sessions de thérapie sont tout aussi importantes pour ses clients que pour lui.
Face à lui, l’étoile montante Lee Yoo Mi (All of us Are Dead) incarne l’athlète Cha Ga Eul. Dotée d’une grande détermination, elle est cependant au bord de la rupture mentale et physique à force de s’acharner dans le patinage de vitesse par peur de décevoir sa famille qui compte sur sa réussite pour se sortir des difficultés financières. Très têtue, elle a beaucoup de mal à accepter l’aide de Jegal Gil.
L’acteur Kwon Yul (Voice 4) joue quant à lui le personnage de Gu Tae Man. Personnage clivant, il travaille au centre d’entraînement national et semble plus se soucier de son image et des résultats que du bien-être des athlètes. Il se trouve également être l’aîné et le rival de Gil quand ils étaient encore athlètes. Plus de dix ans après leur dernier combat, leurs retrouvailles sont explosives.
Le personnage de Park Seung Ha est interprété par Park Se Young (Money Flower). Fille d’un puissant politicien, Park Seung Ha est psychologue au centre d’entraînement national et s’occupe de plusieurs athlètes. Elle était également la psychologue de Jegal Gil, qui était son premier patient, à la suite de l’arrêt prématuré de sa carrière. Travailler avec Jegal Gil est difficile pour elle, le voyant encore comme un patient et non comme un collègue.
Quant à eux, les rôles secondaires sont nombreux. Vous pouvez notamment voir Yoon Joo Sang (Revolutionary Sisters), qui joue le père de Jegal Gil, ainsi que Kang Young Seok (Military Prosecutor Doberman), Lee Jini (My Bossy Girl), Heo Jung Min (The King’s Affection), Jung Kang Hee (Extraordinary Attorney Yoo) et Han Woo Yeol (Hellbound) qui forment le Club des Sans-Médailles, les amis de Gil, anciens sportifs à la carrière arrêtée en plein vol.
Enfin, Moon You Kang (Moonshine) interprète le rôle de Lee Moo Gyeol, un nageur qui traverse un passage à vide, et Moon Sung Keun (Dr Brain) est Park Seung Tae, le père de Park Seung Ha, un politicien qui s’intéresse soudainement au sport.
Un départ canon
Disons-le clairement, la première moitié de Mental Coach Jegal est un véritable coup de cœur. La bonhomie du personnage de Jung Woo et le courage de celui de Lee Yoo Mi y sont pour beaucoup, mais pas seulement. Qu’il s’agisse de l’intrigue, du rythme ou du montage, le drama posait des bases très solides dès le début.
Des messages forts
Avec un sujet tel que la santé mentale, la série s’inscrit dans la lignée des dramas traitant du sujet sortis ces dernières années (It’s Okay That’s Love, It’s Okay Not to Be Okay et tant d’autres). Mais le drama va encore plus loin et explore avec beaucoup d’humanité un panel large de traumatismes afin d’y apporter un message d’espoir. Tout le long du drama, la voix de Jung Woo se superpose par moments à l’action. Pour un effet de narration, bien sûr, et pour mieux comprendre les pensées du personnage. Mais avant tout, pour nous attirer, nous spectateurs, dans le cabinet du coach Jegal et recevoir, nous aussi, notre propre session de thérapie.
En cela, le drama m’a rappelé brièvement My Mister, dans sa catharsis thérapeutique même si l’exécution dans Mental Coach Jegal n’a pas le même brio que le drama de 2018. Il n’empêche que les messages véhiculés par le drama (prendre du recul, penser à soi et à son bien-être, vivre et non survivre, briser la loi du silence et j’en passe) font un bien fou, surtout dans une société toujours plus anxiogène.
Une victoire jouissive des outsiders
Ce qui fait aussi un bien fou dans ce drama, c’est que David peut battre Goliath. À plusieurs reprises. Qui n’a jamais eu envie de soutenir les plus petits face aux plus forts lors d’une compétition sportive, de vibrer avec eux et être tout aussi joyeux qu’eux en cas de victoire ? Dans les dramas coréens, même si de nombreux protagonistes sont des outsiders qu’on soutient, il faudra d’abord passer par d’innombrables péripéties qui consolideront le pouvoir de l’antagoniste sur le protagoniste de manière presque systématique, frustrante : ce n’est qu’à la toute fin que l’antagoniste tombera enfin.
Mais avec Mental Coach Jegal, préparez-vous à ce que cela change un peu. On prend plaisir à voir Jegal Gil et son Club des Sans-Médailles travailler à faire tomber entraîneurs véreux et officiels négligents tout en adoptant dans leur groupe les sportifs en détresse qu’aide Gil. On encourage Cha Ga Eul qu’on aimerait prendre dans nos bras après tant d’épreuves sur sa route et on se prend au jeu du sport, on retient son souffle à chacune de ses compétitions.
Et quand la victoire est au rendez-vous, elle n’en est que plus belle et satisfaisante, car rien n’était gagné d’avance. Et parfois, la victoire n’est pas celle que l’on croit et pourtant, elle est encore meilleure.
Une bande-son soignée et touchante
Sublimant la première partie, rattrapant parfois des scènes hasardeuses dans la seconde, la bande sonore de Mental Coach Jegal n’a l’air de rien au premier abord mais son utilisation dans le drama sait appuyer là où il le faut pour tirer du spectateur tantôt ses larmes, tantôt son excitation ou ses rires. Si la musique d’ambiance oscille entre guitares électriques, classique des drama sportifs, et morceaux plus comiques à la flûte à moitié fausse ou aux cordes pincées, pour le caractère un peu chien fou de Jegal Gil, c’est aussi les chansons qui restent et touchent le spectateur en plein cœur.
Vous ne pourrez plus vous passer de Dear You de Ha Hyun Sang, véritable hymne de ce drama qui arrive toujours à point nommé pour vous mettre des poussières dans l’œil. On notera également I Remember You de Lee Seung Yoon dans la même lignée, ainsi que le morceau Triumph, composé par Ahn So Young et Hong Seung Hyeon, dont le crescendo piano / cordes fait grimper nos espoirs et notre soutien pour les protagonistes.
Sortie de piste
Après une première partie quasi parfaite, le soufflet retombe malheureusement pendant plusieurs épisodes de la seconde moitié du drama, laissant un goût d’inachevé.
Intrigue à bout de souffle
Tout d’abord, l’intrigue principale à partir de l’épisode 10 s’essouffle quelque peu et semble se chercher pendant plusieurs épisodes avant d’aboutir sur un dernier arc plutôt attendu, mais arrivé un peu tard. Ce retard laisse quelques regrets quant aux « si » et à la profondeur que certains personnages auraient pu prendre ne serait-ce qu’avec un ou deux épisodes de plus consacrés à cet arc.
La déception grandit quant à la direction que prend le drama à mi-parcours alors que le contexte s’y prête peu. Elle est d’autant plus grande que cette direction est inattendue non pas scénaristiquement – certains signes peuvent s’interpréter comme annonciateurs – mais plutôt en termes d’attentes et de marketing. Le drama semblait être promu comme une série réconfortante, dite « healing » (qui soigne les maux du cœur), où le personnage féminin semble enfin trouver une figure masculine adulte sur laquelle il peut compter. Mais surprise, la romance s’invite à la fête.
Une romance peu éthique
Avec tout l’amour que je porte aux comédies romantiques, mélodrames et autres séries où l’amour est de la partie, Mental Coach Jegal n’était pas le drama où il fallait ajouter une romance. Et certainement pas entre les deux personnages principaux, avec un semblant de triangle amoureux en prime – tout aussi pire éthiquement parlant. Au-delà des goûts et préférences de chacun, il est cependant nécessaire de s’interroger sur les dynamiques de cette romance. Bien que la relation ne se concrétise pas vraiment avant que Gil cesse d’être le thérapeute de Ga Eul (et qu’il repousse même ses avances à plusieurs reprises !), le scénario pousse inexorablement ces deux personnages sur la pente glissante d’un amour entre un praticien et sa patiente à l’instar du drama Fix You.
En plus de tous les problèmes éthiques que cette relation pose, il est dommage de voir la relation entre Gil et Ga Eul tourner à la romance réduisant ainsi l’impact de leur relation platonique préalable et de leurs actions : ne peuvent-ils donc pas s’entraider et reconnaître une part d’eux mêmes en l’autre pour avancer et guérir sans amour ? Leurs inquiétudes et leur soutien mutuel sont-ils dictés par une empathie, une envie de s’accrocher aux mains tendues ou bien seulement par amour, même inconscient ?
Enfin, le malaise est relativement palpable quand le développement des sentiments de Ga Eul donne vraiment l’impression d’être le fruit de son vécu : ayant toujours été déçue et trahie par les figures masculines de sa vie, le premier homme ayant enfin une attitude normale à son égard est admiré et adulé, faisant croire qu’il ne peut alors s’agir que d’amour. La déception est aussi grande que l’attente de la saison 3 de Stranger.
Conclusion
Avec son départ sur les chapeaux de roue mais une errance dans la seconde moitié, Mental Coach Jegal reste un drama agréable, mais il laisse un sentiment d’infinie frustration quant au potentiel initial. Porté par une distribution touchante et juste ainsi que des messages importants, le drama se fait un peu le reflet de la carrière sportive du coach Jegal : extrêmement prometteuse, avec beaucoup de cœur, mais détournée du chemin initial de manière soudaine et injuste.
Restent les mots réconfortants et les leçons à retenir qui ont malgré tout laissé leur trace et valent le détour.