Laissez-vous entraîner dans une guerre froide entre mafia et police au côté d’une héroïne puissante et déterminée, dans l’atmosphère tamisée d’un Séoul nocturne. La vengeance n’a jamais été aussi satisfaisante.
Informations
- Titre : My Name
- Titre original : 마이 네임
- Réalisation : Kim Jin Min (Extracurricular)
- Genres : action, thriller, policier, mafia
- Pays d’origine : Corée du Sud
- Diffusion : le 15 octobre 2021
- Format : 8 épisodes de 45 minutes / 1 heure
- Plateforme : Netflix | VostFR / VF
Synopsis
Le drama donne vie à Ji Woo, jeune lycéenne dont le père, gangster en fuite, est recherché activement par la police. Ce père, qui constitue sa seule famille, l’a abandonnée pour échapper à la justice. Elle est harcelée au lycée parce qu’elle est la fille d’un mafieux ; chez elle, elle est seule et isolée. Le jour de son anniversaire, son père l’appelle d’une cabine téléphonique, alors qu’il ne répond plus à ses messages depuis des mois pour éviter d’être repéré. Folle de rage, elle décide de couper les ponts, le poussant à prendre un énorme risque : rentrer pour la rejoindre. C’est sur le pas de la porte, en enfonçant la clef dans la serrure pour retrouver sa fille, qu’il se fait tuer. Ji Woo n’aura plus qu’une idée en tête, le venger. Pour ça, elle est prête à tout, y compris intégrer un groupe mafieux.
Les ingrédients d’un succès
Un casting sans appel
La carrière de Han So Hee a pris un véritable tournant ces derniers mois. Vous aviez pu la voir jouer des rôles secondaires dans 100 Days My Prince en 2018 ou Abyss en 2020. L’année dernière, elle incarne Yu Nabi, personnage principal du drama à succès Nevertheless, sorti en juin 2021. Elle revient quelques mois plus tard, en octobre, dans le rôle de Ji Woo. L’incroyable rupture entre le personnage qu’elle incarne dans Nevertheless et celui qu’elle interprète dans My Name, à quelques mois d’intervalle seulement, témoigne de son aisance pour le jeu et de sa capacité à jouer brillamment tout type de personnages. Ahn Bo Hyun, lui, construit sûrement sa carrière. Célèbre depuis son rôle dans Itaewon Class, il incarne Goo Wong dans Yumi’s Cell, adaptation du webtoon éponyme. De même, sa capacité à exceller dans des rôles complètement différents en fait un acteur remarquable.
Une B.O incroyable pour My Name
Une B.O hybride qui harmonise des sonorités rock, rap, hip hop, dans une résonnance sombre et nostalgique. On y perçoit une oscillation entre violence et douceur, représentative de la personnalité de l’héroïne. On y décèle une douce solitude, portée par la mélancolie de certains morceaux, souvent brisée par la détermination sauvage de Ji Woo. Les morceaux sont tous merveilleux, ils ne quittent plus ma playlist Spotify.
Ténèbres et souillure
L’intrigue et l’enquête sont finalement assez classiques, attendues, mais traitées avec beaucoup de soin et de goût : elles finissent, à force de détails choisis, de beauté des visuels, de justesse du jeu, par dessiner quelque chose de réellement extraordinaire. Il est important de se laisser porter par l’univers, sans chercher forcément l’originalité dans le scénario, car My Name coche toutes les cases du film de mafia traditionnel.
Mais les plans sont travaillés, originaux, on relève une réelle volonté de faire scène, de composer, au travers des séquences et des décors urbains, de véritables tableaux et peintures merveilleuses. L’errance des personnages, dans les ruelles d’une ville accablée par la pluie, de nuit, la douce lumière des échoppes éclairant le bitume de teintes chaudes, prend des allures de songe. La modernité des décors, des plans, tranche avec le caractère traditionnel et figé de la structure mafieuse.
L’identité visuelle du drama s’esquisse dès l’affiche principale, les scènes sont majoritairement nocturnes, et peintes dans une esthétique néon. Nuit et boue sont les nouveaux royaumes de Ji Woo. Elle devient la reine de cette atmosphère sombre et sale lorsqu’elle décide de s’y fondre et de tout renier pour la vengeance. La crasse, le sang envahissent les visuels et se noient dans l’humidité froide des trottoirs et du bitume.
Des scènes de combat époustouflantes
Je pense avoir regardé quantité de films de combat, et j’ai rarement jubilé comme j’ai pu jubiler avec My Name. La technique imparable, la puissance écrasante, la volonté infaillible d’un personnage féminin, sur une horde de personnages masculins surentraînés jouent probablement un rôle dans cela. Mais la qualité des chorégraphies, l’orchestration rythmée et dynamique des luttes sont un délicieux plaisir pour les yeux. Il m’arrivait de repasser plusieurs fois les séquences de bagarre, pour ressentir à nouveau le frisson d’excitation, la vague d’exultation, qui m’avait gagnée la première fois. La caméra s’attache aux acteurs, épouse leurs mouvement, tourne autour des personnages, avide de la plus infime expression, du coup d’œil le plus discret.
Elle les suit à tel point qu’elle semble esquiver les attaques à leur rythme, prendre des coups avec eux, nous offrant parfois de magnifiques contre-plongées, des plans alambiqués et puissamment originaux. Je préviens tout de même, certaines scènes sont graphiques et terriblement sanglantes. Rien d’excessif ou de gratuit néanmoins. Le simple fait d’évoquer à nouveau ces danses guerrières me fait brûler d’euphorie. Rien d’étonnant si l’on considère le travail de préparation fait en amont. Han So Hee a passé plusieurs mois dans une Action school, « école d’action » en français, un centre d’entraînement au sein duquel elle a appris les arts martiaux et gagné 10 kg de muscles. Elle a, avec sérieux, assuré la crédibilité de Ji Woo, son personnage, à l’écran.
My Name ou devenir un monstre
L’un des points forts de ce drama est la puissance de ses antagonistes. Entre folie imprévisible, violence souveraine d’un mania de la drogue et sang-froid terrifiant d’une mafia experte. On a droit aux bons vieux mafieux en costumes, tout droit sortis des films de gangsters que l’on affectionne tant. Park Hee Soon transpire charisme et élégance à travers le personnage de Choi Mu Jin : comment le détester ?
Le personnage de Do Gang Jae, incarné par Chang Ryul, est néanmoins celui qui m’a le plus remuée. J’ai été soufflée par son jeu d’acteur, convaincue instantanément par ses expressions, la justesses de ses mimiques et la profondeur de son regard. Alliez à cela le style décadent et la puissance d’influence du personnage, Do Gang Jae devient alors véritablement fascinant. Ji Woo est entourée de monstres, ennemis ou amis. Finira t-elle par sombrer ?
Jusqu’au bout de la haine
My Name aborde de nombreuses thématiques, dont la police, les gangs, la place de la femme. Mais c’est avant tout l’histoire d’une vengeance. Et Ji Woo n’a eu de cesse de me rappeler le personnage de Beatrix Kiddo dans Kill Bill. Rares sont les médias qui donnent un souffle à la vengeance d’une femme. Ici, comme dans Kill Bill, pas de traitement de faveur. Le scénario évite l’écueil de la fragilité féminine. Les personnages masculins jamais ne prennent en pitié l’héroïne. Elle est méprisée pour son sexe, mais jamais épargnée à cause de celui-ci. Un choix bienvenu dans un monde qui peine à représenter les femmes sur le même plan que les hommes. Ji Woo souffre, elle résiste, elle en bave. Elle prend des coups, aussi violemment que ses compagnons, et elle cogne, elle riposte, avec plus de hargne encore, sans jamais se départir de sa haine.
Se peignent tout de même quelques ombres au tableau. Je regrette l’omission des femmes dans le drama. Ji Woo grandit et évolue dans un milieu entièrement masculin, au point qu’elle n’interagit avec aucune figure féminine. L’absence de mère, de sœur, d’amie, de consœur est criante. En ce sens, la série ne peut pleinement être qualifiée de féministe, c’est pour moi son seul défaut. Ji Woo reprend aux hommes le privilège de la vengeance, détrônant chaque adversaire, chaque obstacle. Elle reste fermée, tait ses sentiments à son entourage, et demeure un mystère pour nous aussi.
Choisit-elle de venger son père parce que sa mort empoisonne sa conscience, ou parce qu’elle n’a plus rien à perdre ? Le fait est qu’elle va investir toute son énergie dans cette vengeance, se nourrir de cette rage tapie en elle pour l’accomplir, elle s’y plongera complètement, jusqu’aux abysses. Le drama posera alors une question intéressante. À partir de quel instant bascule-t-on, pour devenir un monstre ?
Ne jamais hésiter
Que dire de My Name sinon que ce drama constitue pour moi, le plus beau choc émotionnel, la plus belle surprise de cette année 2021, toutes séries confondues. 2021, c’est aussi l’année de Squid Game, d’Arcane, de la saison 4 de l’Attaque des Titans. Autant de productions qui m’ont baignée d’allégresse. Pourtant je reste bien campée sur mes positions et maintiens que My Name mérite son succès, sa place parmi les grands, et bien plus encore. Je ne saurais quoi vous dire de plus pour vous convaincre de regarder ce drama. Mais si jamais j’avais échoué à vous persuader, peut-être que cet extrait issu du compte Instagram de Han So Hee saura vous convaincre :
Convaincus ?
Sources images : HanCinema | Twitter Netflix Korea
One Comment
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Gros coup de cœur aussi ^^
Mais je suis pas d’accord avec votre intro “dans l’atmosphère tamisée d’un Séoul nocturne” ca ressemble plutôt à Busan nan? ;p
(le temple qui donne sur la mer, le mix portuaire dans la ville avec les montagnes en surplomb…) après le lieu est non spécifié c’est vrai,
Par contre complètement d’accord avec le reste, scénario basique mais mise en scène du tonnerre + ost fabuleux et acteurs incroyablement charismatiques et crédible à la fois… un régale 🙂